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L'entrée des artistes > Jean-Pierre BISSONNIER

Jean-Pierre BISSONNIER

Entrevues par Jean-Pierre Bissonnier - Extrait musical "les Singes" d’Henry Charrière

L'étang, la jeunesse ou prélude

L'étang, la sagesse

Fleuve noir

Yumna

Miss Cadonett

Oise

La nuit

Anoukis

Le lac
 

Poète et passeur de rêves.
Jean-Pierre Bissonnier ne croit pas au don, dictature de l’ego, mais plus noblement à l’inspiration ; à la capacité de l’artiste à se laisser porter et infuser par elle pour mieux la transformer. Là où il vit, l’horizon est barré de montagnes. Un peu trop peut-être. Selon lui, tout homme ouvert au monde est créatif.

De fait, cette ouverture, cette profondeur de champ se ressentent dans son travail. 

Jean-Pierre Bissonnier naît le 29 janvier 1954 à Paris. Après des études partagées entre les Arts appliqués et la photographie, il devient graphiste et se spécialise dans l’événementiel multimédia. Il y a cinq ans, il quitte la région parisienne pour Die, ville d’artistes où réside son fils. A son contact, il comprend qu’il a « le droit d’exister en tant qu’artiste ». Sa crise de la cinquantaine n’a rien de banal, elle le ramène à l’art.

Visionnaire dans la veine d’un Hugo, ses encres, sidérantes, où se manifestent son goût et sens de l’épure, dépouillent le paysage pour n’en garder que l’eau – l’eau du diamant. Elles doivent au tachisme d’un Michaux (Oise) éclaboussé d’or pur (Fleuve noir). Pour comprendre son travail, imaginez Harpignies rencontrant Soulages, ou Mallarmé s’unissant à Céline.

Si la tonalité brune ou noire domine dans ses encres abstraites, c’est pour mieux tendre vers ce ressac lointain. Pour formuler une inquiétude finalement apaisante. Etang, lac ou fleuve dessinent à horizon de la vie un Hadès accueillant.

Caricaturiste humaniste, sourcier de sourires à la préférence de grimaces, lorsqu’il (re)crée des objets insolites comme Miss Cadonett, créature mystique sauvée de la Drôme, il a cette capacité à transformer l’ordinaire en extraordinaire.

C’est au cours de ses promenades au bord du fleuve drômois qu’il choisit de « sauver » (entendre : recycler) des objets sur lesquels il interviendra peu mais avec suffisamment d’humour et de fantaisie pour nous les faire aimer à nouveau. Sa sensibilité écologique autant que sa curiosité le poussent à considérer le monde sensible comme une recréation possible, comme une récréation artistique.

Il se dit obsédé par l’eau et ses reflets. Une obsession saine qui rejaillit dans ses encres. Il veille à ce qu’aucun reflet quand il le restitue ne soit bêtement mimétique, mécaniquement symétrique. Ses reflets aussi sont des recréations. 

Dans ses encres figuratives, douces et lumineuses, résonne la grâce des écoles italiennes, celle d’un Vinci ou d’un Botticelli. Il ne s’agit pour autant pas de pastiches mais d’esquisses achevées de sculptures imaginaires. Jean-Pierre décrit son travail comme celui d’un « sculpteur tournant autour de son sujet, à la recherche du volume. »

Rejetant tout assujettissement à une pesée marchande - la pesée des âmes de l’Egypte ancienne lui semble davantage faire sens - cet art de grossiste qui fixe une valeur au poids et à la taille, il travaille généralement sur des petits à moyens formats plus à même de capter l’intimité d’un sujet. Il n’en compte pas moins explorer bientôt une gestuelle amplifiée.

Enfin, père de Sylvain Bissonnier. Artistiquement pourtant, seul le nom semble à première vue les rassembler tant leur travail, sujets et expression se dissemblent.

Ils partagent une haute opinion de l’art et des arts au pluriel, le goût des bois flottés, du renouvellement incessant. Aucun n’est sage. A l’un le corps explosé de gouache, étiré, sur le fil. A l’autre l’école du paysage débarrassée de toute mièvrerie. La puissance de l’un révèle l’intensité de l’autre. La poésie délicate et l’ascèse du père, l’imagination et le tumulte artistique du fils. A leur contact, la contemplation se fait fièvre, la nature de l’art une sonate familière traversée de Beethoven. Un Arvo Pärt en plus rock’n roll.

Textes © Elise Walter - Galerie d'art WE ART TOGETHER
Photo du portrait 
© Jean-Pierre Bissonnier