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La galerie d'art
Détail  

Jules DUPRÉ (Nantes 1811 – L’Isle-Adam 1889)

Orage sur les chaumières de la rivière aux chênes

Huile sur panneau d’acajou signée en bas à gauche par Jules Dupré
Dimensions du panneau peint (40 cm x 24 cm) – encadré (53,5 x 38 cm)
Cadre ancien - Cachet de la collection Stevens au dos
VENDU

Descriptif

Stupéfiant paysage traité en clair-obscur par Jules Dupré, signé en bas à gauche en noir, figurant un hameau ou village sis en bord de rivière* à la lisière d’une forêt de chênes par un ciel d’orage d’une densité virtuose.

* peut-être l’Oise ou la Gargilesse aux abords de Gargilesse-Dampierre sur les terres de George Sand.

Artiste « atmosphérique», Dupré, retranscrit dans ce tableau toute la palette qui compose la magie d’un ciel d’orage, lequel, du gris anthracite au gris perle veiné de jaune, jusqu’à l’albumine opalescente prédomine l’espace pictural.

Jules Dupré s’est toujours illustré par la maestria de ses ciels qui ont fait l’admiration de ses contemporains de Delacroix à Van Gogh.

Il excelle donc particulièrement dans cette représentation orageuse qui lui permet toutes les audaces formelles en appuyant une narrativité dramatique empruntée au Romantisme. 

Roué à cliver la lumière d’un ciel gigantesque jusqu’à une surface miroitante (une mare le plus souvent), c’est ici une rivière qui divise et illumine le paysage, conduit le ruissellement lumineux dans la partie inférieure supra terrestre pour finalement unifier les éléments spéculaires que sont l’air et l’eau, surfaces réfléchissantes, par le chenal mat de la terre. 

Magistral clair-obscur d’où jaillissent chaumières, arbres, forêt, tandis qu’une vache tout juste esquissée demeure dans l’ombre.

Dupré se sert des tonalités ténébreuses de l’orage pour accentuer ses jeux de lumière.

Dans une telle atmosphère, si naturelle, où tout en instant peut disparaître dans la pénombre, devenir hors champ, le peintre gouverne seul, en nous laissant croire que la Nature est la seule metteur–en-scène.

Dans ce modelé chromatique et matiériste à la dramaturgie puissante déjà pré-impressionniste, où la sensation l’emporte sur le contour exact des choses, le dessin des arbres, probablement des chênes, proche d’un Théodore Rousseau, ami de Jules Dupré, propose un contrepoint somptueux ; au cœur de l’orage, la touche délicate du feuillage et de la futaie se veut puissante, en juxtaposition plus qu’elle ne s’oppose à l’expression tortueuse des troncs.

Partout ailleurs le tissu végétal et herbeux, dans un jeu sublime d’ombres et de lumière, se fond, s’unit et communie avec le ciel. 

Au centre de l’œuvre et du regard, un groupe de chaumières aux toits rouges et bruns s’érigent, fières, au cœur de l’orage. A la proue du hameau, la plus haute s’élance à l’oblique du ciel. Aucun homme n’est figuré mais son évocation demeure au sein même de l’ellipse. A l’abri du hameau, l’Homme est aussi indifférent aux menaces de l’orage que ne l’est la vache qui continue à paisser au bord du ruisseau.

Paysage intense, théâtre d’émotions, d’ombres et de lumières naturelles sous la direction fougueuse et la palette sensible de l’un des plus grands paysagistes du XIXe siècle.

Cachet au dos mentionnant « Collection Stevens…Jules Dupré ».

Il peut s’agir de la dynastie des Stevens : du peintre belge illustre Alfred Stevens, de ses frères, Joseph, également peintre, et Arthur, critique d’art, qui fréquentèrent les barbizoniens, ou de leur père Jean-François Stevens, marchand de tableaux, ; l’un deux fut peut-être le collectionneur de tableaux anciens et modernes, « M. Stevens » (son prénom n’est pas mentionné sur le catalogue de vente), dont l’importante collection fut dispersée aux enchères du 1er mars au 4 mars 1847.

Consulter notre biographie consacrée à Jules Dupré dans l’onglet ci-dessus.     

Biographie

Ce précurseur de l’impressionnisme, parfois surnommé « le Mozart du Paysage » pour la splendide harmonie de ses ciels et lumières naturelles fut l’un des fondateurs de l’Ecole de Barbizon avec Théodore Rousseau dont il fut l’ami intime, Diaz de la Pena, Jean-François Millet et Daubigny.

Jules Dupré appartient à la lignée des Claude Lorrain, Hobbema, Ruysdaël dont Fromentin a si bien exprimé le génie.

Il fut à la fois marqué par les influences des maîtres anciens hollandais et plus près de lui, par la puissance romantique de Théodore Géricault mais aussi par John Constable dont il retiendra la qualité des ciels et son travail au plus près de la nature.

L’ancien porcelainier de l’Isle-Adam, dans l’attention minutieuse qu’il porte au macrocosme, dans son œuvre picturale aux sujets simples et pourtant philosophiques comme autant de jardins au naturel, poursuit le Tao artistique hérité de la Chine et du Japon.

Dupré fit très vite forte impression sur ses contemporains. Ses paysages à la fois harmonieux et fortement contrastés naissent d’une contemplation profonde de la nature. Van Gogh lui vouait une grande admiration, Dupré représentant pour lui l’âme du romantisme au point d’apprécier le génie de Victor Hugo – il venait de lire Quatre-vingt-treize- à l’aune de celui de Jules Dupré, et non l’inverse.

Quant à la Delacroix il loua la qualité de ses ciels lors du Salon de 1835.

Dupré ne s’en tint pas au site de Barbizon et Fontainebleau. En 1833, il voyagea en Angleterre, mettant ses pas dans ceux de Constable mais peignit le plus souvent les bords de l’Oise, la Normandie (Cayeux sur mer, notamment), le Berry de George Sand avec qui il aurait eu une liaison en 1846, et l’Indre, où séduit par la vallée du Crozant, il participera à l’émergence de l’école éponyme.

Dans l’oeuvre de Dupré la modalité du sublime, quitte le registre religieux pour mieux sacraliser une Nature à la fois familière et grandiose, intimidante et ressourçante.

Ses paysages structurés par une lumière naturelle, l’itération de certains motifs propices au miroitement (telle la mare ou la rivière qui apparaissent dans plusieurs tableaux de Dupré qui excella également dans le genre de la marine) ; ses ciels poétiques immenses au matiérisme puissant, qui, occupant souvent les 2/3 de l’œuvre, touchent à l’infini ;  ses compositions aux sujets humbles (le paysage s’ancre le plus souvent dans un décor champêtre ponctués par des fermes ou chaumières) s’anoblissent d’une palette chromatiquement rcihe et subtile.

Dupré admirait Rembrandt et Claude Lorrain. Cet héritage se perçoit, pour l’un, dans son attachement et grande maîtrise du clair-obscur, pour l’autre, dans ses ciels « mythologiques ».