Détail | ||
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Rosa BONHEUR
La lionne Fatma au repos
Huile sur panneau signée en bas à droite par Rosa Bonheur33,7cm x 30,2 cm (encadrée) - 21,7 cm x 18 cm à vue (oeuvre seule
Descriptif
« Portrait » animalier représentant la lionne de Rosa Bonheur, prénommée Fatma.
Rosa Bonheur, glorifiée de son vivant, fut parfois accusée de conservatisme par ses pairs artistes en raison du succès que sa peinture, majoritairement animalière et réaliste, rencontrait au sein de l’élite politique et sociale, et notamment des cercles aristocratiques jusqu’à la Reine Victoria qui l’admirait.
C’était ignorer la personnalité de cette peintre de renom aussi affirmée que ne l’était son talent pictural. Rosa Bonheur n’eut de cesse de faire preuve dans son existence d’un anticonformisme patent, et même, d’un avant-gardisme remarquable.
Dès 1859, l’artiste s’installa dans sa demeure du Château de By près de Fontainebleau abritant son atelier mais aussi un parc, véritable arche, composée de cerfs, biches, mouflons, chevaux, moutons, sangliers, ainsi qu’un couple de fauves, un lion en cage et surtout une lionne prénommée Fatma par Rosa Bonheur, laissée en liberté, plein sujet de cette peinture.
Ce parc animalier privé dédié à l’observation – non à la chasse - lui permettait tout à la fois de protéger les animaux qu’il renfermait tout en satisfaisant son exigence de peindre d’après nature au plus près de ses modèles et de leur environnement naturel.
La lionne Fatma que Rosa Bonheur avait apprivoisée et affectionnait particulièrement a été portraiturée par l’artiste à plusieurs reprises de 1859 à la fin des années 80.
Cette étude à l’huile tout autant sobre – car resserrée sur un sujet unique - que très aboutie, réalisée d’une touche à la fois veloutée et précise, forme un portrait sensible de cette lionne chère à l’artiste.
Composée dans une palette douce et lumineuse où dominent les bruns chauds du pelage de la lionne émaillés d’ivoire sur le poitrail et le bas de la gueule, les tonalités ocre de la terre contrastant harmonieusement avec le fond végétal vert tendre traité dans une touche impressionniste, l’œil vif presque aux aguets, la posture fière mais la patte nonchalamment posée interdisant toute peur, le fauve abandonné au pinceau de l’artiste n’intimide pas sans pour autant perdre la superbe de ses attributs félins.
Plus proche dans son degré d’investissement de l’herméneutique du portrait que du registre académique de l’étude, cette peinture relate ainsi un récit intime, profondément incarné. L’artiste rend son attachement à l’animal dans ce portrait de trois-quarts où seul le fauve en parfaite symbiose avec son environnement importe. Et de fait, la relation de confiance entre l’artiste et sa lionne était telle que Rosa Bonheur laissait sa lionne Fatma en liberté.
A rebours de toute iconographie fauve agressive, voire effrayante, Rosa Bonheur signe un portrait animalier tendre d’une grande modernité.