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La galerie d'art
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Adriaen BROUWER école de, Ecole du nord (flamande ou hollandaise) XVIIe-XVIIIe

Scène de taverne et de tabagie

Huile sur panneau de chêne biseauté
25 x 29 cm (cadre) – 12,5 x 16,5 cm ( à vue) - format du panneau : 18 cm x 14 cm
Cadre de style hollandais en bois noirci moderne
1 500 €

Descriptif

Une scène de taverne typique des écoles du nord, flamandes et hollandaises du XVIIe siècle, l’âge d’or des Pays-Bas. Représentations en vigueur généralement jusqu’au XVIIIe siècle.
 
Notre tableau, en considération du support, de l’aspect du panneau en chêne, mais également de la manière, est plus vraisemblablement XVIIe que XVIIIe.
 
Une œuvre enlevée, dans toute sa truculence, exécutée d’une main sûre dans le style et le registre d’Adriaen Brouwer (1605-1638), flamand (Pays-Bas méridionaux de l’époque), élève de Frans Hals.
C’est dans son atelier que Brouwer fit la connaissance d’Adriaen Van Ostade avec lequel il développa cette nouvelle grammaire picturale des scènes de taverne.
Saynètes populaires brossées habilement avec une économie d’effets qui rencontrèrent un franc succès.
 
Adriaen Brouwer vécut une grande partie de sa vie aux Pays-Bas (septentrionaux) à Harlem avant de regagner Anvers.
Ses scènes de taverne, souvent à composante paysanne mais pas uniquement, gardent l’écho du monde populaire de Pieter Bruegel l’ancien.
Le succès de Brouwer fut tel que Rubens et Rembrandt le collectionnèrent.
 
Ce peintre privilégia les petits formats, avec un fond le plus souvent sobre, entre brun et vert de gris et une économie de personnages.
Certains de ses tableaux ne contiennent qu’un ou deux personnages comme ici.
Brouwer excellait à retranscrire l’atmosphère des tavernes, petit théâtre du peuple, tamisé par une lumière glauque épaissie par la fumée.
Moments populaires transpercés par les rires de buveurs ivres, parfois amplifiés par celui des hétaïres sur les genoux de ces anti-héros contemporains du peintre.
Nous sommes loin du genre du portrait ou de la peinture d’Histoire.
Rien de flatteur dans ses scènes de taverne saisies par le talent de l’artiste mais le tréfonds de l’âme humaine.
 
Observateur redoutable, reporter en immersion avant l’heure, avec un talent de l’esquisse truculente, voire de caricaturiste mais non sans indulgence, Brouwer ne rate aucun trait saillant pour retranscrire la vitalité de son sujet plus encore que sa valeur moraliste.
 
Le personnage à la gauche du tableau fumant la pipe évoque fortement le personnage de Brouwer figurant dans l’œuvre « Intérieur de tabagie » appartenant aux collections du Musée du Louvre et réalisée d’après Brouwer.
 
Le pichet disproportionné, métonymie de la boisson, au premier plan, y occupe autant de place que dans « Interior of a room with figures : a man playing the lute, and a woman » conservé au Victoria and Albert Museum.
En contrepoint, la coupe et ses reflets mais aussi la main qui le tient sont finement travaillés.
Le personnage principal au centre de l’œuvre, semblant fixer le spectateur dans un air de défi joyeux, arborant un habit simple mais chatoyant, n’est pas aussi avachi ni affublé de la trogne du personnage à la pipe rencogné dans l’ombre, le regard en biais.
 
Plus achevé que « Two peasants » (Deux paysans) au Musée de l’Université d’Oxford, notre tableau que nous n’attribuons pas formellement à Brouwer mais plus prudemment à une école de Brouwer, à un suiveur de cet artiste, en dépit de convergences fortes, possédant toutefois la force dans sa réalisation et composition de tableaux de la main de Brouwer comme dans : « Paysan endormi » (Wallace collection) ; « Le toucher » (Residenzgalerie Salzbourg) ; « Paysans se battant dans une auberge » (Alte Pinakothek, Munich).
 
Cette scène de taverne évoque aussi un illustre artiste de la même époque que Brouwer, David Teniers le jeune et son tableau « Buveur et fumeur » dans les collections du Musée du Louvre. Une œuvre plus atypique dans son corpus.
 
Adriaen Van Ostade et Jan Steen ou Abraham Diepraam dans « le Bar » réalisé en 1665, ont également brillé dans ce registre qui vient encanailler une société calviniste tenue et austère.
 
Toutefois la réalisation de cette œuvre est plus proche du style d’Adriaen Brouwer, de son regard brut, resserré, à vif et percutant, que de la facture généralement plus lisse, minutieuse, enrichie d’un plus grand nombre de personnages, d’un Teniers ou d’un Van Ostade.
 
Les scènes de taverne furent en vogue et demeurent recherchées aujourd’hui car juxtaposant à la fois un regard moral sur des pratiques populaires et licencieuses peu recommandables (la boisson, la tabagie excessive en mauvaise compagnie, la luxure) tout en offrant un exutoire, une fenêtre souvent dans un format volontairement réduit comme pour grossir les traits de caractère dénoncés et nous offrir un aperçu de cette société des « basses classes » à l’usage de la haute société par un judas discret.
Pour un résultat très pittoresque et vivant.
 
Satire et farce, exutoire pictural non dépourvu de jugement moral et surtout de jugement social.
 
Ridendo dicere verum (la vérité est dans le rire…ou la dépravation pour les classes inférieures).
Ce n’est pas bienséant, ce n’est pas politiquement correct mais c’est historique.
 
Ce genre pictural permet de découvrir une vérité historique par le biais de l’intime le plus caché.
 
La scène de taverne de l’Age d’or des Pays-Bas possède la saveur d’un curiosa séditieux dégusté au cœur d’un café brun mais depuis chez soi.
 
Rapport de condition : Quelques craquelures en surface sans perte de matière.
A la lumière UV, présence de quelques traces de restaurations antérieures mineures.
Bel état général.
Agréable cadre de style hollandais en bois noirci avec quelques petites usures sans gravité.