Français English
Facebook Twitter
Mon compte
Accéder / Ouvrir

Panier (0)
La galerie d'art
DétailDétailDétail

JACQUEMART Henri Alfred Marie (1824-1896)

Faisan à la coiffe égyptienne, ou hommage cynégétique au dieu Horus.

Bronze, XIXème, signé
22 x 14 x 3,5 cm
VENDU

Descriptif

Statuette en bronze à patine brune d’une qualité exceptionnelle représentant un faisan par l’un des plus importants sculpteurs français du XIXe siècle, Henri Alfred Marie Jacquemart.

Bronze original (tirage d'époque) et non réédition moderne. Sa signature, A. JACQUEMART, figure sur la base. Socle en marbre rouge onyx veiné de blanc.
 
La finesse de l’exécution, et jusqu’à la patine, caractérisent cette pièce de dimension modeste (environ au ¼ du sujet réel, le faisan de colchide mesurant environ 79 cm pour le mâle).
 
L’originalité de ce bronze ne réside cependant pas dans sa beauté plastique réaliste (ciselures du plumage et de la queue fine et longue qui permet de distinguer le faisan mâle de la poule faisane) mais bien davantage dans la réinterprétation de son sujet.
 
Un clin d’œil aussi exotique que méta-artistique qu’adresse Jacquemart à l’Egypte et ses commanditaires, à travers la coiffe qui entoure la tête du faisan, et qui par-là-même l’anoblit en lui infusant une autre signification.
 
Il s’agit en effet du klaft, pièce d'étoffe à rayures cannelées, assez semblable à la kouffieh syrienne, serrée autour des tempes et retombant en deux pans sur les épaules. C'est l'emblème du sphinx dont Jacquemart para les fauves de la fontaine aux lions de Paris.
 

Rappelons que Jacquemart avait réalisé pour le gouvernement égyptien plusieurs statues considérables.

Le faisan quitte alors son interprétation strictement cynégétique pour se rapprocher des sèmes plus complexes et immortels du Dieu égyptien à tête de faucon, Horus, fils d’Isis et d’Osiris.
 
C’est l’une des déités parmi les plus puissantes de la cosmogonie égyptienne ; l’incarnation du pouvoir de Pharaon sur l’Egypte et du pouvoir solaire descendu sur terre.
 
Sous la IVe Dynastie, qui verra l’édification de la Grande Pyramide, l’idéologie solaire et le culte du Dieu Rê se rapproche de la divinité de la légitimité dynastique, Horus.
 

A Héliopolis apparut en effet une croyance en Rê-Horakhty (Rê-Horus-des-Deux-Horizons) basée sur l’ancien mythe de la royauté d'Horus, qui fut peut-être considéré comme le premier dieu Soleil (ou dont l' œil était le soleil). Cette fusion aura pour vocation le renforcement de la déification du pouvoir royal, et de son aura.

En signant cette sculpture animalière, Jacquemart voulait rendre hommage à un pays qui, depuis la Révolution Française, n’avait cessé de subjuguer la France pré-romantique, puis romantique, qui suivra le premier Empire.

 

Biographie

Henri Alfred Marie JACQUEMART (Paris 1824- Paris 1896)

Sculpteur parisien intimement lié au patrimoine de Paris. Il laissa à sa ville natale parmi ses plus époustouflants et monumentaux bronzes animaliers.

Que l’on cite les Lions en pendant décorant la façade est de l’Hôtel de ville de Paris ; ou bien les huit lions de la fontaine du château, place Félix Eboué, auxquels répondent les lions en bronze du Jardin des plantes, et beaucoup plus au sud de la métropole française (la sphère de création artistique de Jacquemart étant internationale) les lions du Kasr el Nil Bridge au Caire.
 
Dans la même veine animalière à connotation, cette fois plus fantastique, héraldique et médiévale, les deux dragons de la Fontaine Saint Michel à Paris (fondeur Eck et Durand).
 
Pour l’opéra le plus fastueux de Paris, il signera l’Aigle en bronze aux ailes déployées qui couronne l'entrée de la rampe du Palais Garnier.
 
Les parisiens et les milliers de touristes qui y circulent chaque année peuvent admirer, Place du Châtelet, les sphynx de la Fontaine de la Victoire, réalisés en 1858.
 
Tandis que l’exotique et massif "Rhinocéros" en fonte de fer que Jacquemart a réalisé en 1878 pour l'Exposition Universelle de Paris accueille actuellement les visiteurs du Musée d’Orsay patientant sur son parvis.
 
Ce puissant rhinocéros, évocation d’une Afrique dont le XIXes commençait à s’éprendre, ne figurât cependant pas toujours sur le parvis de d’Orsay.

Réalisé à Nantes dans les usines de J. Voruz Aîné, il faisait partie d'un ensemble de quatre statues de fonte dorées à l'origine toutes monumentales (un cheval, un taureau, un éléphant et un rhinocéros d’une hauteur de 2,86 m et d'une largeur de 2,29 m) entourant la fontaine du Palais du Trocadéro ; cet ensemble fut démonté et disséminé lors de la démolition du Palais du Trocadéro en 1935.

Jusqu’en 1985, le rhinocéros de Jacquemart demeura Porte de Saint-Cloud. Aujourd’hui l’ensemble est presque complet, le cheval et l'éléphant ayant rejoint le rhinocéros sur le parvis du musée. Seul le taureau, actuellement à Nîmes, manque à la réunion de ce tableau équilibré d’animaux symbolisant l’Europe (cheval, taureau) et l’Afrique tout autant que l’Asie (éléphant, rhinocéros).
 
Mais si les bronzes animaliers de Jacquemart, qui, - en reconnaissance de son travail, est fait chevalier de la légion d’honneur en 1870 -, n’ont rien à envier dans leur force évocatrice à un Barye, Frémiet, Fratin ou Mêne, on lui doit également des réalisations tout autre.
 
Citons la Statue du Vice-roi Méhémet Ali (1769-1849), à  Alexandrie, commandée en avril 1869.
 
Au Caire, la statue de Soliman Pacha installée en 1874 sur la place du même nom.
 
Enfin, dans un registre très différent requérant plus de finesse que de puissance, le musée Carnavalet possède dans ses collections le Berceau du prince impérial, travail collectif ayant réuni les meilleurs artisans de l’époque. Il fut offert en 1856 à Napoléon III par la ville de Paris. Les sculptures de cette pièce sont de la main de Jacquemart et de Simart.
 
En conclusion, un sculpteur aux talents aussi nombreux et facettés qu’une gemme précieuse à qui l’on doit quelques bronzes en réduction dont fait partie ce faisan, pièce cynégétique détournée et raffinée de notre galerie.