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La galerie d'art
Détail  

CHRÉTIEN Gilles-Louis (1745 - 1811) / FOUQUET

Rarissime portrait au physionotrace, circa 1791, du Dauphin Louis-Charles de Bourbon, Prince royal, futur Roi de France sous le nom de Louis XVII, dessiné par Fouquet et gravé par Chrétien, Cour Saint Honoré à Paris

Physionotrace dessiné par Fouquet et gravé par Chrétien du Prince royal Louis-Charles de France, (Versailles, 27 mars 1785 - Paris, le 8 juin 1795), futur Louis XVII, l'enfant-roi dont le règne ne fut que symbolique
Encadré : 18 cm cm x 20,3 cm - portrait en médaillon au trait : 5,6 cm de diamètre
Ancienne collection du Comte Sforza
Cadre en acajou, verre ancien (présence d'une bulle), exceptionnelle épreuve à l'encrage fabuleux
VENDU

Descriptif

Rarissime physionotrace, dessiné par Fouquet et gravé par Chrétien, inventeur du physionotrace, représentant le Dauphin de France, futur et éphémère Louis XVII, probablement vers 1791 avant son emprisonnement un an plus tard à la prison du Temple. 

Bien que le titre royal ne soit pas reporté sur ce tirage, l'iconographie existante (réalisée de son vivant mais également posthume) nous permet de reconnaître dans ce profil le futur Louis XVII, jeune fils de Louis XVI et Marie-Antoinette, dont le règne, après l'exécution de son père le 21 janvier 1793 ne fut jamais effectif, et dont le destin fut particulièrement tragique.
 
Ce physionotrace provient de la prestigieuse collection du Comte Sforza (1872-1952), Comte de Castel San Giovanni, personnalité aristocratique issue de la dynastie des Sforza de Milan, grand diplomate et homme politique italien qui marqua l'Histoire en combattant le fascisme. 
 
Dans un parfait état de conservation, d'un encrage splendide, ce physionotrace d'une très grande rareté mais aussi d'une finesse exquise a su garder sa fraîcheur. Chrétien s'était associé à Fouquet en 1789 ; une collaboration qui donna lieu à des centaines de dessins avant de cesser en 1798.
 
Ce physionotrace a été selon toute vraisemblance réalisé l'année précédant l'emprisonnement du dauphin le 10 août 1792. Une étude iconographique comparée de ses différentes représentations attestées, ainsi que la morphologie de l'enfant, nous permet d'établir cette date.
 
Louis XVII - qui, âgé de 6 ans, n'était alors que le Dauphin - y apparaît serein, le regard droit, en parfaite santé ; il n'a pas encore été exposé aux sévices de son incarcération à la prison du Temple qui conduiront à son décès d'une péritonite tuberculeuse le 8 juin 1795, conséquence d'une détention dans des conditions injustifiables. 
 
Otage politique des Révolutionnaires que son enfance ne préservera pas de la charge symbolique lui étant associée (après l'exécution de son père, il lui succède de fait dans le droit monarchique) ; le 3 juillet 1793, Louis XVII sera séparé de sa mère, placé sous la garde d'un geôlier révolutionnaire multipliant les humiliations à son endroit avant d'être emmuré dans un espace insalubre, étroit et sans lumière où il contractera la gale ainsi que la tuberculose.
 
Après sa mort, se formeront et subsisteront les rumeurs romanesques de la survie du roi par la substitution à son corps de celui d'un autre enfant. Ces thèses ont été invalidées et pourtant demeurent. Karl-Wilhem Naundorff, décédé en Hollande en 1845, prétendait être Louis XVII.
 
Une analyse ADN a prouvé en l'an 2000 que le coeur inhumé au sein de la Basilique Saint Denis était bien apparenté à Marie-Antoinette dont l'ADN était détenu. Certains, dont des représentants sérieux (Mme de La Chapelle, Présidente du Cercle d'Etudes Historique sur la question Louis XVII,) ont alors allégué qu'il pourrait s'agir du frère aîné de Louis XVII, décédé avant lui, dont le coeur disparut de la mairie du Ve où il se trouvait encore en 1817 ; ce qui fit l'objet d'une autre réfutation : les deux coeurs n'ayant pas fait l'objet d'une même conservation (celui du frère aîné décédé sous la Monarchie avait été embaumé, celui de Louis XVII simplement conservé dans l'alcool par les révolutionnaires). Le coeur inhumé dans la crypte de la Basilique Saint Denis, sépulcre des rois de France, aurait pu présenter des différences anatomiques avec le coeur originalement décrit (2cm moins haut). 
L'ADN aurait également très récemment permis d'apporter la preuve que le dernier descendant de Naundorff qui prétendait donc être Louis XVII, descendait bien des Bourbons mais ce qui ne prouve pas que Naundorff était bien Louis XVII ; l'analyse ADN n'ayant pas porté sur l'ADN mitochrondial des Hasbourg, lignée de Marie-Antoinette.
 
Une controverse vivante, donc, encore aujourd'hui ; peut-être parce que l'attrait du mystère l'emporte souvent sur la recherche aboutie de la vérité, et que la  tentation de la fiction comme espace de liberté jointe au temps écoulé ensable la certitude.
 
Pour revenir au corpus artistique, objectif et étudiable. Notre portrait au physionotrace est à rapprocher du buste de Deseine, sculpteur officiel du roi Louis XVI (1790) tout comme d'une sanguine de la même année, mais également sous un angle différent du premier portrait de Kucharsky (1791). 
La figure du jeune prince apparaîtra plus émaciée et sa chevelure moins longue et flamboyante dans le portrait que Kucharsky, peintre polonais apprécié par Marie-Antoinette, réalisera en 1792 dans la prison du Temple.
 
En 1795, à sa mort pour perpétuer sa mémoire, une pièce de monnaie sera éditée, proche de la représentation de Deseine et de ce physionotrace gravé par Chrétien mais également d'un buste commandée par Marie-Antoinette, représentation intime où l'enfant apparaît dans une chemise à collerette ouverte, sans décoration apparente, identique à celle du physionotrace.
 
Il s'agit donc d'un tirage exceptionnel à plusieurs titres. Eblouissant par la qualité artistique de la réalisation. Exceptionnel en raison de la forte historicité de son sujet et de l'iconographie restreinte des représentations établies de son vivant.
 
La brièveté de l'existence de l'enfant-roi au destin particulièrement tragique (ou romanesque pour d'aucuns partisans de sa survie), le contexte historique troublé qui le vit naître, eut pour effet de limiter le nombre de représentations réalisées du vivant du jeune Dauphin, devenu roi de fait à la mort de Louis XVI en 1793.
 
Or, il ne peut pas s'agir d'un physionotrace posthume. La technique du physionotrace, en effet, requérait la présence physique du sujet. Tout l'intérêt de ce procédé innovant étant de parvenir à un degré élevé d'objectivation du portrait. Et de faciliter ensuite la diffusion d'un portrait fiable, caractéristique et ressemblant. 
Photo d'identité avant l'heure, le physionotrace incarne donc une vérité de l'instant.
Les seuls physionotraces posthumes répertoriés ayant été réalisés d'après des bustes mortuaires sont coupés au niveau de la naissance du cou de sorte qu'on les identifie immédiatement comme tels, à l'instar de la représentation sculptée en médaillon ornant la crypte de la Basilique Saint Denis. 
 

Biographie

A lire sur le blog de We Art Together : une histoire du physionotrace : la collection du Comte Sforza.

Portraits miniatures de profil d'une parfaite ressemblance, les physionotraces étaient tout autant les cartes de visite que les photos d'identité du temps, recherchés, possédés et échangés par la noblesse et les personnalités d'alors avant que la bourgeoisie n'y accède au XIXe siècle. 

En savoir plus sur l'histoire de ce procédé inventé par Chrétien (physionotrace) :
 
Inventé par Gilles-Louis Chrétien en 1784 (l'invention est datée entre 1784 et 1786), le principe du physionotrace était simple. Il consistait à projeter l’ombre du profil à dessiner grandeur réelle sur un papier transparent pour ensuite le décalquer fidèlement. Le portrait s’approchait ainsi au plus près de la réalité. Il permettait de fixer la physionomie d’un sujet (d’où le nom de physionotrace, étymologiquement : tracé de la physionomie).
 
Par le biais d’un procédé proche du pantographe, le portrait était ensuite réduit pour être gravé sur une plaque de cuivre à l’eau-forte dans un format miniature.
 
Ce portrait pouvait ainsi être tiré en plusieurs exemplaires (12 et parfois plus) pour une somme raisonnable.
 
Les physionotraces rencontrèrent un très grand succès sous l’Ancien régime, et même au-delà. Ils portaient les noms du dessinateur et du graveur, ainsi que leur adresse.
 
Ces portraits constituent des documents historiques. Le cabinet des estampes de la Bibliothèque Nationale de France en conserve près de trois mille (2800).
 
Famille royale, hommes politiques, affairistes, marchands, comédiens, toute la France qui « comptait » alors fut immortalisée par ce procédé.
 
Un objet d’art et de collection, donc, à forte dimension historique.
 
 
BIOGRAPHIE
 
Gilles-Louis Chrétien (1745-1811), peintre minaturiste et graveur, par ailleurs violoncelliste à la Cour de Versailles, fut l’inventeur du physionotrace, une technique qui précéda l’invention de la photographie.
 
Né à Versailles le 5 février 1754, il excelle dans de nombreux arts : musique et arts graphiques (peinture, dessin, gravure).
 
Attaché au portrait et à l’art de la miniature, il invente la technique du physionotrace pour mieux conjoindre ses habiletés. De 1793 à 1799, il exposa à Paris au Salon les portraits résultant de son invention.
 
L'artiste et inventeur résida à plusieurs adresses* dans le quartier St Honoré à Paris et finira par s’établir au Palais Royal. Associé pendant plusieurs années à Edmé Quedeney, c’est Bouchardy qui prendra sa succession dès 1808. 
Gilles-Louis Chrétien décèdera à Paris en 1811.
 
*Adresses connues de Gilles-Louis Chrétien dans le quartier St Honoré :
 
-   Cloître St Honoré 
 
-  "Passage Honoré" (pour Passage Saint-Honoré)
 
-  Cour St Honoré
 
- Rue St Honoré vis à vis de l’Oratoire, n° 45.