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La galerie d'art
Détail  

Ecole néoclassique attribuée à Pierre-Henri de VALENCIENNES (1750-1819), fin XVIIIe – début XIXE

Bergère conversant dans un paysage classique à l’horizon montagneux mêlant monuments antiques et nature luxuriante, Italie ou Arcadie

Huile sur panneau d’acajou parqueté
A vue : 33 cm x 26,2 cm - 46 cm x 40cm
Cadre doré ancien circa époque Ier Empire très bel état infimes usures, parquetage du panneau parfait, petites restaurations mineures de l’½uvre et bien exécutées, merveilleuse condition de l’½uvre et de son encadrement d’époque
VENDU

Descriptif

Ecole néoclassique non signée mais néanmoins si emblématique de l’œuvre et même du manifeste pictural de Pierre-Henri de Valenciennes (Toulouse 1750 - Paris 1819), artiste majeur de ce mouvement et théoricien du « paysage historique »*, paysage noble, au sein duquel l’étude d’après nature se confronte sans conflit à une vision recomposée de l’Histoire, forcément antique, composite et idéalisée mais aussi naturalisée.

On considère Valenciennes (maître et grand théoricien, auteur de « Eléments de perspective pratique : à l’usage des artistes », 1799, professeur à Polytechnique) comme le précurseur de Corot, lui qui fut le maître de Jean-Victor Bertin, professeur de Corot.

Valenciennes s’appuie sur des études réalisées en extérieur, au cœur même de la vérité des paysages, en lumière naturelle, pendant son séjour en Italie notamment, pour recréer en atelier des visions idéalisées de l’Histoire ; cette Histoire grandiose, l’histoire antique, gréco-romaine et surtout romaine avec son cortège de signes semés au cœur même du paysage, au premier rang desquels l’architecture antique. Des monuments, des stèles, des temples, voire des acropoles (tableau du Getty Museum au support et format proche du nôtre**) ponctuent ainsi des paysages grandioses peuplés de figures également recréées, réminiscences fantasmées du pastoralisme virgilien des Bucoliques, qui, combiné comme ici à un horizon montagneux (et non escarpé, dans une lumière douce) renvoie à l’idéal arcadien ; des figures plus martiales empruntées à l’Enéide ou aux annales de l’histoire antique peuvent également être rencontrées. Un village aux toits plats peut-être surmonté de tourelle (architecture méditerranéenne) s’esquisse en avant de la perspective montagneuse), occurrence déjà rencontrée dans son œuvre.

De cet œuvre peint qui ne se revendique pas réaliste et où se côtoient histoire antique, mythologie, architecture au sein d’une nature à la fois grandiose et accueillante, d’un théâtre naturel luxuriant, ouvert, et déjà très précis tant dans la représentation d’une forêt, de son feuillage, la décomposition d’une lumière méthodiquement observée et retranscrite, se joue un paysage magistral orchestré à la fois d’après Nature et d’après « Culture » ; c’est là le génie de Valenciennes, son paysage fait H/histoire, il est à la fois sensible et narratif.

Notre œuvre attribuée à Pierre-Henri de Valenciennes contient toutes les caractéristiques de son style et corpus ; à la fois situable en Italie (où Valenciennes séjourne de 1777 à 1781) et dans une Arcadie rêvée, se déroulant dans l’Empire romain et relevant aussi de la Grèce antique, télescopant volontairement les référents.

Près d’un monument cubique au figuré martial commémorant une bataille vraisemblablement romaine, un homme est assis arborant une tenue orientale (bédouin ?), un instrument de musique posé près de lui (luth ?), souvenir peut-être rattaché à un séjour de l’artiste au proche Orient (1782-1784).

Au centre du tableau, dans son tiers inférieur, la bergère aux pieds nus a arrêté son troupeau pour converser avec une femme portant un panier, un chien (caractéristique des petits chiens au pelage brun et blanc représentés par Valenciennes) les attend près d’un chêne majestueux ; une lumière douce s’étend sur le troupeau ; au loin, un petit temple arboré se devine tandis que s’ouvre un paysage de montagne très agréable sur un ciel subtilement travaillé. La touche est d’une grande finesse, la composition harmonieuse, le paysage à la fois mythologique (moins « historique » que « Cicéron découvrant le tombeau d’Archimède » mais tout de même) et d’après nature ; l’ouverture vers l’horizon en décroché (une perspective très architecturée 1/3 – 2/3 du tableau tant sur la hauteur que sur la largeur), la scène littéralement Bucolique comme suspendue au temps. 

Ce paysage abouti offre la rencontre utopique et uchronique mais séduisante de Virgile et de Corot. 

Une très belle œuvre, fine, quintessence néoclassique, parfaitement encadrée dans son cadre d’époque.
 

* Définissant la notion de « paysage historique, anoblissant le genre du paysage alors considéré comme un sous-genre  : « Parmi les artistes formés dans l’atelier de Valenciennes, Jean-Baptiste Deperthes en donne une définition synthétique dans sa Théorie du paysage, publiée en 1818 :

« Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819) : « On entend par style historique, dans le genre du paysage, l’art de composer des sites d’après un choix de ce que la nature produit de plus beau et de plusgrand, et d’y introduire des personnages dont l’action, soit qu’elle rappelle untrait historique, soit qu’elle présente un sujet idéal, puisse intéresser vivementle spectateur, lui inspirer de nobles sentiments, ou donner l’essor à son ima-gination » extrait du livre de Luigi Gallo, « Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819), l’artiste et le théoricien », éditions L’Erma.

**Ex d’œuvre dont le support et format sont en rapport : http://www.getty.edu/art/collection/objects/224721/pierre-henri-de-valenciennes-classical-landscape-with-figures-and-sculpture-french-1788/

Classical Landscape with Figures and Sculpture, 1788n format 41 x 28,8 x cm