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Léopold SURVAGE (Moscou 1879 – Paris 1968)
Étude de décor pour un projet d’opéra, Les contes d’Hoffmann
Gouache sur papier, signée et datée 1937 en bas à droiteDimensions de la gouache à vue : 21 cm x 14,3 cm – Encadrée : 38 cm x 31,5 cm
Il s’agit vraisemblablement d’un projet de Léopold Survage en lien avec la représentation des Contes d’Hoffmann pour The Met Opera (The Metropolitan Opera, New York) qui joua cet opéra d’Offenbach en 1937.
Présence d’une annotation en bas à gauche « 8m » sans doute en référence à la longueur de la scène de théâtre/opéra, et présence très probable du cachet d’atelier de l’artiste que l’on discerne via le rond d’un cachet en bas à droite, près de la signature
4 500 €
Descriptif
Léopold Survage, artiste inclassable très recherché dont la grammaire artistique aux rythmes colorés oscille entre cubisme et symbolisme, avec un remarquable sens du coloris.
Dès 1922, Survage collabore pour des projets culturels internationaux ambitieux, les ballets russes ou des décors de théâtre et costumes pour Stravinsky.
En 1937, date de notre gouache, Survage dessine plusieurs études à la gouache, dont la nôtre, toutes différentes, pour les décors d’une adaptation des Contes d’Hoffman, opéra fantastique de Jacques Offenbach joué alors par the Metropolitan Opera à New York.
Il existe aujourd’hui encore un enregistrement disponible de cette représentation du célèbre opéra d’Offenbach sous la direction du chef d’orchestre Maurice de Abravanel, avec René Maison, Vina Bovy, Lawrence Tibbett, Irra Petina et Angelo Bada, joué au Métropolitan Opera de New York le 23 janvier 1937.
Outre la dimension historique et patrimoniale très forte que revêt cette gouache pour tout amateur d’art et d’opéra, cette gouache offre également un parfait extrait de l’art spécifique à la fois complexe et immédiatement séduisant de Léopold Survage.
Le cubisme de Survage s’exprime au sein de cette œuvre par la structuration de la gouache en une géométrie colorée avec des jeux de lumières, des pans de couleurs différentes subdivisant et réarchitecturant l’espace artistique et scénique, avec pour borne de la gouache deux portes très décoratives mystérieusement fermées sur un hors-scène.
Et surtout, ce qui impressionne, c’est bien la virtuosité de son traité du coloris, ici particulièrement éblouissant, mais aussi cette scène dans la scène, l’imbrication de ce rideau rouge, cœur intime de l’opéra qui s’apprête à se jouer, au milieu de l’espace scénique plus large doté de rideaux dorés.
Au-dessus du rideau rouge éclairé par un halo en demi-sphère, jaillit la dimension symboliste de l’art de Survage, avec notamment l’irruption de plusieurs symboles, celui de la feuille qui semble germer du rideau rouge, la présence d’un mascaron antique de couleur brune représentant sans doute l’essence théâtrale, un autre masque rouge qui pourrait évoquer l’opéra de format plus moderne doté de vivants caractères humains enclins aux masques, à la duplicité ; masque et mascaron engendrant à nouveau un feuillage naturaliste noir et bleu surmonté d’une sphère ressemblant à une lune semblant veiller aux cultures, aux semailles de l’art comme de la nature.
Une allégorie féconde de la communauté d’esprit entre l’art et l’écologie, entre la nature et la culture, cycle ininterrompu pour l’artiste, dialogue permanent, aucun clivage n’existant entre ces deux entités souvent présentées comme antinomiques.
Si la nature est une œuvre d’art en soi, l’art naît au monde et sèmes des graines comme les plantes, semble nous révéler l’artiste, un peu poète un peu prophète, Léopold Survage.